Nous avons choisi de partir à l’aventure autour du monde non pas pour fuir notre vie au Québec, mais plutôt afin de faire vivre des expériences uniques à Édouard et Jules. De ces expériences, nous avions espoir qu’ils seraient mieux outillés afin de faire de meilleurs choix et ainsi prendre des meilleures décisions dans le futur. Nous voulions aussi leur montrer que peu importe le mode de vie des gens rencontrés autour du monde, il est facile d’être heureux.
C’est donc avec ces objectifs en tête qu’Alix et moi avions déterminé notre itinéraire. Pour ce faire, nous avions donc choisi de voyager que par voie terrestre. Non seulement le rythme du voyage s’en est trouvé ralenti, mais aussi, cela nous a permis de visiter des régions plus éloignées des endroits visités habituellement par les autres voyageurs.

Sur papier, notre objectif fut atteint assez rapidement. En pratique, nos rencontres ont dépassé nos attentes, tellement que par moment, nous avons quitté nos amis en y versant une larme ( bon ok, pas juste une !)
Des larmes versées dans la taïga mongole
Après avoir traversé la Russie en train, notre deuxième pays visité fût la Mongolie. Lors de ce séjour, le but principal était de pouvoir rendre visite aux tsaatanes. Une tribu nomade vivant dans le nord du pays, au fin fond de la taïga mongole.
Pour ce faire, j’ai dû poser pas mal de question sur des groupes Facebook afin de pouvoir rencontrer la personne qui a pu nous conduire au bon endroit et rencontrer les bonnes personnes.
C’est donc en compagnie d’un belge (Rafael, qui est devenu un très bon ami) et de notre guide (Ganaa) que nous avons quitté Ulaanbaatar en bus pour un trajet de 15h.
Une fois arrivés à Moron, nous avons pu manger un peu et sommes partis vers le nord à bord d’une van russe pour un trajet de 8h dans la steppe mongole. C’est au milieu des steppes que nous avons dormis, tous bien cordés à même le sol, chez une famille bien accueillante. Le lendemain, nous avions un petit 2h de route en van russe avant de découvrir nos montures afin de se balader à dos de cheval pour une durée de 6h. Je ne sais pas si tu as déjà fait du cheval, mais 6h sur le dos d’un cheval, ce n’est pas le grand confort….
C’est donc après 31h de transport que nous avons finalement atteint notre objectif ultime, rencontrer les Tsaatanes (on devrait les nommer Dukhas). On a pu passer 72h avec eux. Vivre avec eux, les aider à récolter des petits fruits, traire les rennes à 5h le matin, etc. J’ai même eu la chance de traiter un garçon de 6 ans et d’aider un vieillard, voisin de la famille chez qui nous séjournions.
Nous avons découvert un peuple vivant en harmonie avec la nature, se déplaçant au gré des saisons afin d’offrir de quoi à manger à leurs 200 rennes. C’est grâce à une rencontre fortuite avec un québécois de la région d’Ottawa, Nicolas, que nous avons pu en apprendre davantage sur les coutumes des Dukhas. Nous avons aussi pu poser nos questions afin d’entrer en relation plus étroitement.

Lors de ces 72h, le temps s’est littéralement arrêté. Nous n’avons eu aucune difficulté à s’imprégner de ce rythme de vie. Tellement, que lorsque nous les avons quittés, une fois sur nos chevaux (il fallait refaire le chemin inverse !), nous avons tous versé une larme. Pas vraiment tristes, mais surtout très touchés par la générosité extraordinaire de ces gens rencontrés il y avait à peine quelques heures. Toute une leçon de vie !
Encore des larmes au pays des Torajas
Nous avions beaucoup d’attente pour le dernier pays à visiter en Asie: l’Indonésie. Puisque c’est l’un des plus grands pays du monde, on devait choisir une région en particulier que nous visiterions. Notre choix était fait depuis longtemps, nous voulions découvrir l’île de Sulawesi. Cette île étant riche en histoire, en culture et aussi en plages et fonds marins, nous savions que nous ne nous ennuierions pas ! Afin de ne rien manquer, nous avions prévu y passer 50 jours.
Notre premier arrêt sur Sulawesi fût au pays des Torajas. Encore une fois grâce à Facebook, j’avais rencontré Natsir. Un toraja typique vivant à Rembon, tout près de la capitale des Torajas, Makale. Cet homme bien réservé a bâti une école d’anglais pour les enfants du village. Il offre ces cours tout à fait gratuitement ! De plus, il tente d’éduquer les villageois sur la permaculture. Afin d’y parvenir, il cultive des ramboutans, des fruits de la passion, du café, du cacao, des arachides, de la citronnelle, du curcuma, de la cannelle, des ananas et j’en passe.
Notre plan était simple, passer huit jours chez lui afin de lui donner un coup de main sur sa terre et aussi afin de lui donner un coup de main avec l’enseignement de l’anglais.
Chaque jour Natsir nous a enseigné quelque chose de nouveau. Nous avons donc appris comment faire de l’huile de coco, comment préparer les arachides, comment faire du chocolat cru, comment transformer le curcuma, etc… Malgré son côté timide, Natsir et sa famille nous ont accueillis à bras ouverts et nous nous sommes sentis membre de sa famille dès les premiers moments.
Techniquement, nous devions loger chez lui tout à fait gratuitement en échange de notre aide, mais compte tenu des conditions de vie plus de base, nous avons décidé de lui offrir quelques cadeaux lors de notre passage. En plus d’un montant en argent, nous nous sommes rendus au village afin d’acheter des trucs dont il avait besoin sur une base quotidienne (riz, café, huile, balais, brosse, savon etc…).
Plusieurs indonésiens parlant anglais sont régulièrement de passage chez Natsir afin d’améliorer leur anglais et d’en faire profiter les enfants du village. C’est aussi grâce à Resky que nous avons passé huit jours incroyables afin d’en apprendre plus sur les habitudes de vie des torajas.

Encore une fois, lors de notre départ, nous n’avons pas pu contenir nos sentiments et nous avons versé une larme à nouveau. Cette fois, on était un peu triste de réaliser que c’était peut-être la dernière fois que nous les verrions. Nous étions aussi très émus par la gentillesse, la générosité et l’accueil qu’ils nous ont réservé, tellement qu’on n’en est pas encore revenu !
Dans le sud-est de Sulawesi
Après avoir fait un des pires trajets de bus de notre tour du monde, nous sommes enfin arrivés à Bau-Bau sur l’île de Button. Sur le quai du traversier nous attendait notre guide pour le 15 prochains jours: Petra. Encore une fois on l’avait rencontré sur un groupe Facebook. Accompagné de son ami Liem, il nous ont guidé pendant 15 jours dans leur région qu’il connaissent comme le fond de leur poche.
Initialement, nous logions dans une guesthouse bien typique et sans âme au centre-ville jusqu’à temps que nous demandions si Liem pouvait nous héberger chez lui. C’est à partir de ce moment que la magie s’est opérée.
Habitant avec sa mère et sa soeur, sa modeste demeure pouvait nous accueillir et nous offrir chacun un lit. Tout un luxe pour Édouard et Jules ! Liem a un animal de compagnie bien particulier qui a su charmer les enfants. Il s’agit d’un petit perroquet, nommé Ureep, qui ne sait pas voler, qui aime boire le thé et manger la même nourriture que nous. Aussi docile qu’un chien !
C’est donc chez Liem que nous avons passé les 7 dernières journées de notre séjour dans le sud-est de Sulawesi. Nous avons donc pu apprendre à cuisiner à l’indonésienne. Chaque matin Liem et Jules se sont rendus au marché afin de nous trouver les meilleurs fruits pour nous préparer un jus frais chaque matin. On se sentait comme à la maison. Liem et sa famille nous ont tous offert sans rien demander en retour. Nous nous sommes sentis choyés, du début à la fin.
Afin de les remercier, nous leur avons préparé une croustade aux pommes et au sucre de canne. Le tout servi en compagnie de ses cousines lors d’une rencontre de jeu mensuelle. Que de plaisir !
Lorsque nous avons dû prendre le traversier pour nous rendre au Banggai, Petra, Liem et sa soeur sont venus nous reconduire à l’intérieur du bateau. Ils auraient bien pu nous laisser au port et partir, mais non. Ils se sont assurés que nous soyons bien installés. C’est à ce moment, lorsqu’il était temps de les quitter que nous avons encore une fois versé une larme.

Ces trois rencontres ont tous les mêmes points en commun. Des gens accueillants, chaleureux, généreux. Des endroits uniques, reculés où nos hôtes se sont assurés que nos séjours soient au-delà de nos attentes.
Nous devons avouer que ce fût le cas. Les expériences vécues ont dépassé nos attentes et c’est ce dont nous nous souviendrons toute notre vie. Certes nous avons vu des chutes d’eau, des plages et des paysages incroyables, mais ce qui restera gravé à nos mémoires sont les expériences humaines vécues lors de ces rencontres.
À nos yeux, cela vaut bien plus que n’importe quelle muraille de Chine ou attrait touristique de n’importe quel pays. On peut se dire mission accomplie !