Je suis tombée littéralement sous le charme du Laos. Ses habitants souriants et accueillants, ses paysages variés, passant des rizières, aux rives du Mékong ou aux montagnes, tous sont à couper le souffle. Mais ce qui m’a le plus touchée du Laos c’est son histoire pas si lointaine, la douleur encore présente dans les yeux des habitants qui y ont vécu une vraie histoire d’horreur!
Le savais-tu ?
Le Laos s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, littéralement. Situé entre la Thaïlande et le Vietnam, il a été pris d’assaut par les américains lors de la guerre du Vietnam alors qu’il n’était même pas impliqué dans ce conflit. C’est que le Laos était géographiquement très bien situé afin de pouvoir aller bombarder l’ennemi vietnamien depuis la Thaïlande. En effet, lorsque les bombardiers quittaient le Vietnam pour revenir vers Bangkok, après avoir lancé certains de leurs missiles, ils devaient s’assurer d’atterrir sans munitions. Pour se débarrasser de celles qui restaient, ils les déversaient pleinement sur le Laos qui n’était même pas impliqué dans le conflit.
Entre 1964 et 1973, le Laos fut le pays le plus bombardé par capita. Plus de 2 millions de bombes ont été lancées. Soit une aux 8 minutes durant 9 ans. Des villages entiers ont été anéantis, des milliers de laotiens ont dû migrer vers Ventiane afin de survivre laissant derrière eux leurs terres et familles.

De ces 2 millions de bombes, 30% d’entre elles n’ont pas explosé, se retrouvant dans les champs, rizières, montagnes, etc. Tu imagines la suite? Les laotiens qui sont restés dans leurs villages ou qui sont revenus par la suite à leurs terres se sont retrouvés avec un problème de taille… des explosions de bombes enfouies quotidiennement. Quand je dis quotidiennement ce n’est pas des farces et c’est encore le cas en 2018!!! C’est que les missiles largués se voient ressortir durant la saison des pluies, remontant à la surface. Comme ces derniers se fondent avec le décor (feuilles, terre, branches, etc.), plusieurs laotiens, ont perdu la vie en marchant dessus. De plus, d’autres de ces missiles avaient l’apparence de fruits (ananas) de par leur couleur, ce qui les rendaient attrayants et attirants pour les enfants. D’autres obus s’apparentaient à la forme d’un jouet, donc en le prenant dans leurs mains, plusieurs enfants se sont retrouvés victimes des explosions. Résultat, des milliers de blessés et de morts, soit environ 20 000 personnes depuis la fin de la guerre. N’oublie pas que le Laos est l’un des pays les plus pauvres du monde, l’éducation n’y est pas optimale surtout chez les jeunes vivant en région. Ces gens n’étaient même pas conscients qu’ils pouvaient tomber sur ces armes.
Des témoignages de survivants abondent, nous rappelant constamment cette histoire terrible dont le pays est encore victime. Des laotiens rencontrés à Phonsavan ne veulent même pas aborder cette page de leur histoire tant la cicatrice est encore ouverte et douloureuse.
Un arrêt à Phonsavan
Lors de la visite du site no.1 de la Plaine des Jarres*, situé à 6km de Phonsavan, nous avons été en mesure de constater de nos propres yeux la grandeur d’un cratère laissé par l’explosion d’un de ces engins. C’est assez impressionnant laisse-moi te dire! Impossible d’en ressortir indemne, c’est certain.

Comme je te l’expliquais précédemment, encore aujourd’hui, plusieurs endroits sont toujours considérés comme étant dangereux, ce qui affecte directement les récoltes de riz des agriculteurs, l’élevage de bétail et par le fait même, les revenus de nombreuses familles puisque ces dernières ne peuvent prendre le risque de se promener à ces endroits.
Il existe un organisme à but non lucratif, le MAG, opéré par un regroupement de 10 pays (à l’exception des américains). Il emploie 600 laotiens qui s’activent à nettoyer les terres et redonner aux habitants la paix dont ils méritent au risque de leur propre vie. À ce jour, 1 600 km2 restent encore à être nettoyés. Chaque site, afin d’être considéré comme étant sécuritaire, doit être nettoyé à au moins 3 reprises. Ça en fait du travail! C’est un peu comme chercher une épingle dans une botte de foin. Afin d’exercer ce travail minutieux, ce sont des femmes qui sont engagés pour la recherche et l’identification des obus. Pourquoi me demandes-tu? Parce que les femmes tremblent moins que les hommes et que, pour identifier les endroits où se situent les bombes, il faut absolument éviter de bouger. Ensuite, certaines équipes spécialisées s’occupent de les faire exploser tout en veillant à la sécurité de la population et des animaux avoisinants. De plus l’organisme a une vocation d’éducation afin de s’assurer, qu’encore aujourd’hui les enfants ne soient pas attirés par ces objets de malheur.
L’organisation a un musée à Phonsavan, le MAG visiter center, où il est possible d’y lire des témoignages et de visionner un reportage expliquant clairement la problématique. Nous en sommes ressortis les yeux plein d’eau dans mon cas et le cœur chaviré face à cette triste et très troublante réalité.
Pour en savoir d’avantage voici le
Lien de l’organisme MAG https://www.maginternational.org/what-we-do/where-we-work/
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