À peine sortis de notre vol depuis Kula Lumpur vers Makassar, nous embarquions rapidement dans un bus de nuit qui nous amena directement à Rembon, une petite ville située en plein cœur de la région des Torajas. Ces derniers sont une minorité ethnique vivant sur l’île de Sulawesi et respectant encore certaines traditions ancestrales. C’est auprès de gens de cœur que nous allions passer nos huit premiers jours faisant ainsi plusieurs apprentissages reliées aux différentes cultures de la région, mais aussi en découvrant les rituels et mœurs liées à ce peuple.
Le projet

Natsir, Diana et leurs enfants vivent en flan de montagne. Ils cultivent un jardin où poussent différents fruits et plantes tels que ananas, ramboutans, café, cacao, coco, gingembre, curcuma et j’en passe. Et tout ça de façon biologique! Ils en cultivent afin de pouvoir suffire en partie à leurs besoins. L’idée est de pouvoir un jour avoir un restaurant afin de montrer aux villageois comment cultiver et apprêter leurs récoltes. Mais le moteur, le point central du projet, est la Natsir eco school, où ce dernier enseigne l’anglais aux enfants du village et ce, tout à fait gratuitement.
Au cours de la dernière décennie, Natsir a peaufiné son projet et est allé chercher des subventions afin de lui permettre un agrandissement de l’école et la construction de bungalows afin de recevoir les volontaires qui viennent y travailler pour enseigner l’anglais.
Les jours se sont donc écoulés entre les différents apprentissages de culture, de récolte et de transformation des différents produits. Si tu me connais un petit peu, je t’ai probablement déjà parlé de mon amour pour l’huile de coco. J’en mets partout: dans ma cuisine, sur ma peau et mes cheveux! Qu’elle ne fut pas ma joie d’apprendre comment en produire! Je connais maintenant le secret qui se cache derrière la production de cette huile qui, me stimule les narines à chaque fois que j’ouvre le pot. Et que pouvais-je demander de plus que de pouvoir en rapporter?!? J’étais aux anges!

De plus, j’ai eu la chance que dis-je?, le privilège immense d’aller improviser un cours d’anglais dans chacune des classes l’instant d’une journée. Avant ce moment, l’enseignement me manquait un peu, mais je ne pouvais m’imaginer à quel point. Ce métier, je l’ai dans la peau. Voir les yeux des enfants s’illuminer, rire avec eux, les voir réaliser qu’ils ont compris quelque chose, voilà pourquoi je fais ce métier toujours avec passion même après 16 ans.
Dans mon cas, les apprentissages ne se sont pas limité qu’à ces deux aspects.
Mariages, funérailles et enterrement ?
En plus d’en apprendre sur les différentes cultures de produits locaux, nous avons appris énormément sur les traditions des Torajas. Ces gens sont reconnus pour la pratique des cérémonies ancestrales lors des mariages et des funérailles. Lors de notre arrivée, notre hôte nous a mentionné que la fille de ses voisins se mariait. Il n’en fallait pas plus pour que nous allions assister à la cérémonie. Cérémonie où tous les gens (ou presque) du village se réunissent et mangent ensemble. Plus d’une centaine de personnes étaient réunies. Ça fait des bouches à nourrir ça. Mais en plus, chacun repart avec des « doggy bags ». Les mariés et la famille immédiate portent des habits traditionnels colorés. Les autres, selon leur envie et leurs moyens, portent des habits plus chics qu’à l’habitude. Peuvent s’en suivre des danses traditionnelles et spectacles selon les moyens des familles des mariés. Dans notre cas, nous n’avons assisté qu’au repas car nous étions fraîchement arrivés et un peu fatigués. Nous avons donc salué les gens et sommes retournés chez Natsir.
Tout comme les mariages, les funérailles sont des moments de rassemblements qui peuvent durer plusieurs jours. Habituellement étalés sur 3 jours et demandant un sacrifice de bêtes (mouton, cochon et/ou buffle selon la religion du défunt), cela peut prendre des mois voire des années avant que le mort ait ses funérailles. Plus la famille est riche, plus vite ont lieu les funérailles. Pendant ce temps, le corps du défunt considéré encore vivant, simplement endormi est conservé à même la maison familiale. Ouaip! Tu m’as bien lue! Ils emballent le corps afin de le préserver, lui font des offrandes (cigarettes, bijoux, nourriture, etc) l’habillent et changent ses habits au fil du temps. Certaines familles ont mis jusqu’à 10 ans avant d’amasser l’argent nécessaire pour enterrer un membre de leur famille. C’est qu’acheter un buffle coûte plusieurs millions de roupies indonésiennes et, la tradition voulant, plusieurs d’entre eux doivent être achetés pour être ensuite abattus lors de la deuxième journée des célébrations. Oui! Oui! L’exécution des bêtes a bien lieu lors de la deuxième journée. Après avoir procédé aux combats de buffle lors de la première journée…

Dans notre cas, nous sommes arrivés après l’abattage. Nous avons assisté au dépeçage et à la distribution de la viande aux gens du village. En veux-tu du sang et des entrailles? Il y en avait partout sur l’endroit public. Simplement de voir cela m’a suffi. Nul besoin d’avoir assisté à la procédure précédente. Mon cœur n’aurait pas tenu je crois. Malgré tout, j’étais contente d’y aller et de voir tout cela. De plus, nous avons eu la chance de rencontrer une des petite-filles de la défunte. Elle parlait un très bon anglais et s’est fait un plaisir de nous recevoir comme si nous étions des membres de la famille, prenant beaucoup de son temps pour tout nous expliquer.
Lors de la troisième journée des funérailles, c’est à ce moment où le corps est soit enterré, soit déposé dans une petite maison qui fera office de tombeau. Les maisons varient en grandeur et en décoration encore une fois selon la richesse de la famille.
Anciennement, les corps étaient enterrés dans des cimetières le long de parois de montagne. Des trous y étaient creusés et les corps déposés avec des offrandes. On pouvait aussi suspendre à flan de montagne le tombeau. Cependant, comme les voleurs pillaient les tombes, ces pratiques ont été remplacées au fil des ans.

Nous avons pu visiter aussi un cimetière pour enfants morts avant l’âge de 6 mois. Les corps de ces derniers étaient déposés à l’intérieur d’un tronc d’arbre sur le côté opposé à leur maison. Ceci dans le but de signifier que l’âme ferait un nouveau départ (d’où la direction opposée) . Pourquoi dans un arbre tu me demandes? Et bien c’est que la sève blanche de l’arbre choisi, représentait l’allaitement maternel et servirait à l’alimentation de l’âme.
Huit jours se sont écoulés et c’est la tête pleine d’apprentissages et surtout le cœur gros que nous partons en direction de notre prochaine destination. Le cœur gros de quitter des gens formidables qui nous ont reçus à bras ouverts, en nous donnant tant malgré le fait qu’ils possédaient peu de choses. Comme quoi il est possible d’être heureux avec ce que l’on a sans chercher en avoir toujours plus.

Merci la vie pour ce magnifique séjour.
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